Les élèves du groupe DGEMC, ainsi que certains du groupe PSP, ont eu l’opportunité se rendre dans le 19e arrondissement, à la Cité des sciences de la Villette, pour assister au salon des transformations du droit (2024) le mercredi 27 novembre.

Sur place, nous avons pu explorer l’événement en autonomie, échanger avec différents organismes, dont principalement des LegalTech, des entreprises visant à intégrer les nouvelles technologies, notamment l’IA, dans le secteur juridique pour simplifier et accélérer certaines tâches des juristes. L’une des entreprises présentes, Gino AI, fondée en 2017, propose un logiciel incorporant l’intelligence artificielle pour la rédaction et le suivi du cycle de vie des contrats (de la rédaction à la signature), à partir d’un formulaire simplifié. Ce logiciel permet de créer des contrats sur mesure, adaptés aux besoins spécifiques des entreprises (par exemple, des contrats de travail).

Le groupe a également été accompagné par Arthur Sauzé, Head of Legal Function Consulting & Legal Transformation for Sustainability chez EY, qui a guidé une partie de la visite. Lors de cette expérience, il nous a présenté Mme Enke Kebede, ancienne directrice de l’ERAGE École Avocat, qui a partagé son expérience et souligné l’importance d’acquérir des compétences supplémentaires en fonction de ses passions pour enrichir son profil, au-delà de la formation juridique. Elle a insisté sur l’importance des stages dans des domaines spécifiques d’intérêt. À l’instar d’Arthur Sauzé, elle a également mis l’accent sur la maîtrise de l’IA, non pas comme un substitut de notre cerveau, mais comme un outil pertinent dans le cadre de la recherche et l’apprentissage. Consciente des réticences envers l’utilisation de l’IA, elle a conclu : “L’IA fera mieux que nous tous réunis, seulement si on y met du nôtre.”

       Certains élèves ont pu assister, au sein du salon, à un concours de Pitch d’étudiants en droit. Il s’agissait pour les étudiants de présenter rapidement et le plus pertinemment possible leur idée d’entreprise en lien avec le droit et l’intelligence artificielle. Faute de temps ; nous n’avons pu assister qu’à un seul de ces Pitch. L’étudiante participante nous présentait une application qui allait de ses mots « drastiquement faciliter le travail du droit » en faisant analyser par l’IA certains documents et informations numérisés afin de faciliter l’aspect notamment administratif des métiers du droit. L’IA pourrait aussi faire des recherches sur ce qu’elle aura analysé afin de donner des informations importantes au professionnel. Ces étudiants ne participent pas uniquement pour remporter le concours mais recherchent évidemment des soutiens parmi les membres du jury et les spectateurs ; c’est en cela que le concours a sa réelle importance.

        Enfin, la visite s’est terminée par une table ronde sur l’intelligence artificielle dans les départements juridiques, avec pour thème le bilan 2024 et les perspectives 2025. Les intervenants étaient Stéphane Baller (De Gaulle Fleurance & Associés), expert en droit des affaires et en intégration des technologies juridiques, Arthur Sauzé (EY), spécialiste de la transformation juridique et de la durabilité, Cyril Godet (DiliTrust), responsable de solutions numériques pour automatiser les processus juridiques, et Régis Jacquin (Altametris), expert en gouvernance et conformité. Ils ont discuté de l’impact de l’IA générative sur le secteur juridique, qui est le deuxième plus touché par cette technologie. Ils ont précisé qu’il s’agissait d’une mutation du secteur et non d’un bouleversement. L’automatisation des tâches, comme l’analyse de courriers et la centralisation des décisions, permet de gagner en efficacité. L’IA aide ainsi les juristes à réutiliser les connaissances et à simplifier leur travail. Pour donner suite à une question, sur ce qui fait un bon juriste, Arthur Sauzé a souligné que l’IA n’est efficace que si l’on pose les bonnes questions, et que ce qui définit un bon juriste, c’est sa capacité à poser les bonnes questions. Une autre question posée par un camarade, sur la perte de l’aspect humain de la justice que pourrait entraîner l’IA, Arthur répond que certains redoutent une déshumanisation du droit. Cependant, l’évolution des règles et des codes rend l’IA indispensable pour soutenir les juristes face à un environnement juridique de plus en plus complexe.

Toutefois, nous nous demandons si l'IA introduite ne supprime pas certaines professions juridiques. Peut-on envisager l'ouverture de ce type de logiciel aux particuliers dans l'avenir ? Est-ce un outil totalement fiable ? Autonome ? Les universités de droit vont-elles s'ouvrir à ce type d'outil ou se positionner contre ? La réalité ne va-t-elle pas les contraindre à les utiliser ? Certaines questions restent en suspens, seul le temps et les décisions à venir pourront nous indiquer le chemin que prendront ces nouvelles technologies, pour le moins prometteuses.

Merci à Christophe Albert du Village de la justice, pour l'accueil et l'organisation, et à Arthur Sauzé, avocat et responsable de la transformation digitale chez EY, pour l'accompagnement durant cette visite.

Jules SAADOUNI, TG01

Ethan DETTLOFF, TG03